MILIEU XIXe SIÈCLE . La date de création de l'imprimerie fait encore débat, même dans les archives de l'usine, enfouies en sous-sol. Certains contrats, signés par les pères fondateurs, indiquent néanmoins une naissance avant 1858. A l'époque, Paul Auguste Brodard, libraire établi à Coulommiers, près du Grand Morin, imprime sur presse à bras.
1876. Paul Auguste s'associe à Albert Ponsot, lithographe, et rachète 400 m2. En 1900, « la maison Brodard » embauche 240 employ��s, dont 101 femmes, et s'engage dans le domaine social : pensions aux ouvriers âgés, cours d'apprentissage dans les locaux de l'entreprise, etc. Engagement qu'elle tiendra jusqu'au dernier soubresaut de son existence.
1896. Paul Auguste devient maire de Coulommiers et le restera jusqu'à sa mort en 1908.
1908. Son fils, Paul René Brodard, prend sa succession, apportant à l'entreprise un rayonnement international.
1923 . Un tournant formidable pour Brodard. Après la signature du contrat avec Hachette et le lancement des manuels scolaires, Paul René s'associe à Joseph Taupin, spécialiste du brochage. Sous le nom de Brodard et Taupin, la société emploie 400 employés. Quelque 27000 volumes sortent des presses chaque jour. Cinq ans plus tard, des millions de livres sont exportés vers l'Angleterre, l'Amérique du Sud, l'Espagne, le Portugal, la Turquie, l'Allemagne et la Tchécoslovaquie.
1929. Paul Brodard décède. Joseph Taupin reprend les rênes de l'entreprise. L'activité ne cesse de se développer, les avancées sociales se poursuivent. La Seconde Guerre mondiale et les destructions alentour n'auront pas raison de l'imprimerie. « L'année 1941 fut pour notre société pleine de difficultés. Il a fallu nous adapter à la nouvelle législation, conséquence du passage de l'économie libérale à l'économie dirigée », témoignent les différents rapports des conseils d'administration.
1958. A la suite d'inondations importantes du temps de Michel Huan, arrière-petits-fils de Paul Brodard, 10 000 m2 de bâtiments sont construits dans la zone industrielle de Coulommiers. L'arrivée en 1960 de la première rotative planétaire offset marque les débuts de la modernisation de l'imprimerie et l'apogée de Brodard.
1966. L'unité Brodard de Coulommiers, la plus importante du groupe, emploie à elle seule plus de 600 personnes. L'entreprise est à son apogée.
1977. Les chocs pétroliers et la modernisation des machines marquent le début du déclin. Au 1er juin 1977, le site de Coulommiers et ses 450 ouvriers, désormais Brodard Graphique, devient une filiale. « A cette époque, il n'y a pas un seul enfant de France qui n'ait appris ses leçons sur un livre autre qu'un de ceux produits par Brodard Graphique », raconte Michel Pierrelée, ancien directeur général de 1983 à 1996.
1996. La reprise par Jean-Paul Maury, dont le groupe éponyme est l'un des leaders de son domaine, ne parviendra pas à contrer la crise du secteur.
2007. Non-reconduction du contrat Hachette. L'activité s'effondre. L'impression des Pages jaunes, décrit par la direction comme la bouée de sauvetage de l'entreprise, finit de la couler.
2009. Les premières grèves débutent en novembre. Un mandataire est nommé par le tribunal pour équilibrer les comptes de l'entreprise. Les employés craignent déjà pour leur emploi.
5 JUILLET 2010 . Le premier PSE en mars 2010 ne sauve pas l'entreprise. Après la décision de Jean-Paul Maury de céder l'entreprise en avril, le tribunal de commerce annonce la liquidation de Brodard Graphique. Deux semaines de bras de fer entre le liquidateur et les employés suivront. L'usine ferme définitivement ses portes le 16 juillet .
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