Le col de la Croix des Frêtes en 1865, à une époque où la haute montagne
inspirait crainte et respect.
“ Au sommet du col, un autre spectacle attend le voyageur. Quelle imposante
nature! Je ne sais s’il existe au monde un point empreint d’un
cachet plus sévère, d’une plus sublime désolation. Telle a été, du moins,
l’impression dont j’y fus saisi. C’est l’image la plus grandiose qu’une imagination
rêveuse puisse se figurer d’une terre maudite, frappée par le
courroux céleste. Le champ de bataille des géants révoltés contre le ciel
devait être ainsi. Ce ne sont qu’aiguilles allongées et droites comme des
restes immenses de colonnades renversées, des rochers monstrueux, aux
formes bizarres, entassés ou brisés; puis, des glaciers aux larges crevasses
avec leur teinte verdâtre, des torrents qui, tombant des rochers
nus, se précipitent furieux et se brisent en écume blanche sur d’autres
rochers nus aussi, ou sur d’arides graviers; semblables, enfin à d’énormes
murailles, à des fortifications créées pour les combats des dieux, mais
ébréchées par les siècles accumulés ou par une artillerie forte comme
le ciel. De toutes parts, de profondes coupures ravinées sur des pentes
perpendiculaires, des rochers sans végétation aucune; en un mot, c’est le
tableau le plus éloquent et le plus vrai d’une désolation colossale. ”.../...
Extrait de “ Promenade en Tarentaise ” par M. Félix Despine édité en 1865.
Réédité en 1995 par : Société des Amis du Vieux Conflans et diffusé en librairie par :
La Fontaine de Siloé.
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