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Edmond d'Hoffschmidt de Resteigne est né à Namur, le 24 octobre 1777 et décédé à Resteigne, le 12 mars 1861. Il fut officier dans les armées napoléoniennes, puis ermite-philosophe et enfin bourgmestre de Resteigne.
Fils d'Adolphe (1747-1830) et de Joséphine Raymond d'Andoy (1750-1822), il descendait, par son père, d'une famille noble originaire de Westphalie qui s'était établie dans les Pays-Bas méridionaux dès le début du XVIIe siècle. Il passa son enfance à Namur et au château de Lesve, propriété de la famille de sa mère.
À l'âge de 29 ans, il s'engagea dans les armées napoléoniennes. Du 29 octobre 1806 au 1er mars 1809, il servit en qualité de sous-lieutenant dans le régiment des "Chevau-légers belges", (devenu ensuite le 27e Chasseurs à cheval), que commandait le prince Prosper d'Arenberg. Il se rendit avec lui, en 1807, dans le nord de la Prusse, puis, en 1808, dans le Jutland. Edmond revint à Liège en juin 1808 et, le 1er octobre de cette même année, alléguant une santé déficiente, il signa sa démission.
Au séjour qu'il fit sous les armes, en Poméranie, se rattache un épisode important de sa vie sentimentale : la rencontre, à Griebenow (Greifswald), de Christiane von Keffenbrinck, à laquelle il s’attacha, mais que son père, dit-on, lui interdit d'épouser. Ce souvenir douloureux est regardé par ses biographes comme l'une des causes de la misanthropie qui le conduisit un peu plus tard à vivre dans la solitude.
Sorti de l'armée, Edmond revint à Resteigne dès 1811. Il décida de se retirer dans un ermitage au sommet d'une colline, au lieu-dit les Gaudrées, non loin des ruines de la chapelle désaffectée de Saint-Pierre-Mont, qui avait été longtemps, jusqu'au XVIIIe siècle, desservie par différents ermites religieux (la chapelle cessa d’exister suite à l’édit de 1785 de Joseph II supprimant les ermitages...). A cet endroit, il délimita une aire quasi-elliptique dont les axes mesuraient 110m et 60m, couvrant ainsi une aire de 36 ares. Il s'y fit construire une maison en «pierres de grottes» couverte d’un toit de chaume et un fournil pour y cuire son pain; plus tard, il y ajouta une petite serre pour cultiver des fleurs et des plantes sensibles; puis, à l'extérieur de son enclos protégé par une palissade, il fit édifier une tour en pierre, haute d'environ 8,80 m. La maison était «une demeure simple, non dépourvue toutefois d’un certain confort, comprenant un vestibule, une cuisine, une salle à manger et une chambre à coucher, une cave et un grenier, avec une écurie pouvant loger des mules.» À quelque distance, au pied de la colline, du côté de Belvaux, il fit aménager la source qui l'alimentait en eau potable, en y construisant des bassins de pierre, et il l'appela la « Source des Rêveries » (voir à ce nom)
C’est donc dans ce cadre qu’Edmond passa une quinzaine d’années de sa vie, entre 1814 et 1830. Cette année, son père décède et Edmond hérite du château de Resteigne (et des nombreux autres biens de son père). Il revient alors quelque peu à la civilisation et s’installe au château.
Grâce aux travaux de recherche des «Amis de l’Ermite», on possède pas mal de témoignages, plus ou moins directs, de la vie d’Edmond à l’ermitage. Comme celui de Auguste de Peellaert, officier belge de l’armée hollandaise, en mission à Tellin, en 1822. Celui-ci, poussé par la curiosité, cherche à rencontrer le phénomène... «Il avait, pour suffire à ses besoins, une vache, deux mules et quelques chiens bassets pour le suivre à la chasse. Un villageois remplissait près de lui les fonctions de palefrenier. Chaque jeune fille du hameau d’Auffe venait à son tour pétrir le pain et traire la vache, et alors Monseigneur le Loup, comme dans le Petit Chaperon rouge, s’humanisait quelque fois, à ce que l’on prétendait.»
«Il n’était pas facile d’aborder l’ermite et de pénétrer dans l’ermitage, soigneusement clos (...). On avait beau sonner (car un ermite a toujours une cloche), personne ne venait ouvrir, à moins de connaître le secret qui donnait accès à cette formidable citadelle.
Enfin, Madame de G. <Louise, la soeur> me dit qu’il me recevrait avec plaisir et m’enseigna la manière de faire usage de la cloche.» La visite se passe bien, le courant passe... «Nous nous quittons enchantés l’un de l’autre, et je promets de venir le dimanche suivant partager son dîner dont il est à la fois l’ordonnateur, le cuisinier, l’amphitryon et le convive. Après le repas, au-dessus de tout éloge, il me présente un album en me priant d’y inscrire les motifs pour lesquels je pense qu’il a embrassé la vie d’anachorète. l’album est déjà à moitié rempli d’écritures diverses exprimant autant d’avis différents sur la question proposée.» Et de Peellaert de conclure son passage relatif à l’ermite par ces mots: «Hélas, le plus délicieux roman s’achève souvent d’une manière prosaïque, et je crois que l’hermite, pour couronner la vertu d’une des rosières qui venaient traire sa vache, se laissa charmer par elle:
Il l’aima, l’épousa,
Et l’histoire finit là
Alleluia»
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