Au 17e siècle, un historien luxembourgeois découvrit des blocs
sculptés qui gisaient épars dans les bois de Montauban.
Lors de fouilles archéologiques menées scientifiquement vers la
moitié du 20e siècle, fut reconnu un « éperon barré » implanté à l’époque celtique.
Un éperon barré est une fortification qui met à profit un plateau de forme triangulaire, cerné sur deux de ses côtés par des vallées encaissées, formant des défenses naturelles.
Le troisième côté, d’accès plus aisé, est alors protégé
par un mur de barrage linéaire.
Ce « refuge de Montauban » fut implanté à l’époque de l’âge du fer. Des levées de terre et des palissades délimitaient
alors le vaste plateau du sommet de la colline.
Il servait, entre autres, de lieu de repli en cas de danger ou d’invasion. Bien que sans doute occupé durant l’époque romaine, il semble n’avoir été réaménagé et enrichi qu’au haut moyen
âge, avec l’érection d’un donjon et l’établissement de défenses secondaires. Pour l’édification de ces fortifications
furent réemployés des bas-reliefs galloromains qui avaient constitué auparavant des monuments funéraires, sans doute
établis le long des voies romaines toutes proches. Plus de quarante de ces blocs furent ainsi mis au jour, reproduisant des
scènes de la vie quotidienne ou du symbolisme funéraire romain du 2e siècle de notre ère. Parmi ceux-ci figurait le relief de la fameuse « moissonneuse des Trévires », incluse désormais dans tous les manuels d’histoire. Pline l’Ancien, au premier siècle, évoque l’outil dans son « Histoire naturelle » : « Dans les vastes domaines des Gaules, une grande caisse dont le bord est armé de dents et que portent deux roues, est conduite dans un champ de blé par un boeuf qui la pousse devant lui : les épis
arrachés par les dents tombent dans la caisse. » L’Université Libre de Bruxelles (ULB) et la ferme de Malagne sont parvenues à réaliser une reconstitution de la moissonneuse trévire.
Pour abriter les blocs bas-reliefs galloromains, fut construit le célèbre musée lapidaire, serti dans le sol par l’architecte Constantin Brodsky. Le donjon médiéval, par contre, n’eut qu’une existence éphémère, il fut rapidement incendié, et le souvenir de Montauban ne se perpétua à l’époque moderne que dans la fameuse légende des Quatre Fils Aymon, connue dans toute l’Europe m��diévale. Cette « Chanson de Renaud de Montauban » relate les péripéties de quatre frères, Allard, Renaud, Richard et Guichard,
fils du duc Aymon, aidés par l’enchanteur Maugis, fuyant la colère de l’empereur Charlemagne dans la mystérieuse forêt d’Ardenne. La vengeance de Charlemagne les poursuivit implacablement, car Renault, l’aîné, avait tué le neveu de ce
dernier lors d’une querelle. Tous quatre, Renault, Allard, Richard et Guichard, furent obligés de fuir sans cesse sur leur cheval magique Bayard, franchissant la Meuse d’un bond gigantesque. La colère de Charlemagne ne s’apaisa qu’avec le sacrifice de Bayard qui fut précipité dans la Meuse. Le fier destrier survécut pourtant et – dit-on – revient parfois, par les nuits sans lune, hanter la forêt d’Ardenne ! Le merveilleux, la magie et le mystère se mêlent dans cette intrigue chevaleresque,
parsemée de meurtres, de batailles, de tournois et de trésor enfoui. De nombreux sites rappellent son souvenir, en Belgique
et en France. La fortification de Montauban est ainsi appelée depuis des temps immémoriaux le « château des Quatre Fils Aymon ».
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