L’enseigne « Au planteur » indique la présence d’un ancien marchand de café implanté vers 1890, au 10/12 rue des Petits Carreaux. Le petit immeuble du XIXème siècle est occupé au rez-de-chaussée par des commerces.
Les deux premiers niveaux de la bâtisse sont agrémentés d’un coffrage de bois, façade décorée de colonnettes, feuillages et motifs empruntées au répertoire du XVIIIème siècle.
Au premier étage, un panneau de céramique signé Crommer représente une scène pour le moins troublante, voire pour nos yeux contemporains et en absence de cartel explicatif tout à fait outrageante.
Les traces de peinture témoignent de la colère que suscite cette enseigne souvent vandalisée. Dans le paysage tropical d’une plantation de café, un homme noir, vêtu d’une simple culotte à rayures, nu-pied et torse-nu, des bracelets d’esclave aux biceps et aux avant-bras, sert une tasse de café à un homme blanc assis sur des sacs, complet blanc et chapeau élégant, pipe à la main. L’évocation directe, naïve dans son manque de malice, des conditions d’exploitation des domaines soulève des questions éthiques.
Elle convoque la mémoire des colonies, les rapports de domination entre propriétaires terriens, les planteurs, et les populations travaillant dans les plantations, peuples indigènes réduits en servitude ou esclaves africains arrachés à leur terre natale. Recontextualisée dans son époque, l’enseigne, inscrite aux Monuments historiques par arrêté du 23 mai 1984, pourrait devenir l’instrument d’une démarche pédagogique.
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