Une œuvre pour la mémoire
De 1939 à 1940, des juifs fuyant le nazisme sont accueillis à Marchin, au château du Fourneau, qui constitue un centre d’hébergement pour réfugiés, dépendant du centre de Marneffe. Dans un contexte de tension politique forte et d'antisémitisme, leur condition de vie est difficile et le camp s'organise péniblement sous un mode de quasi autosubsistance. Progressivement, leur situation se dégrade encore ; ils sont fichés, surveillés puis internés. En mai 1940, l'invasion allemande provoque la dissolution du camp. Les résidents quittent les lieux à pied en une sinistre colonne qui finit par se dissoudre sur sa route vers la France. Cet épisode de l'histoire, peu glorieux certes, aurait pu s'arrêter là. Mais le zèle d’un membre de l'administration qui transmet les données de ces malheureux réfugiés va permettre l'arrestation et la déportation de plusieurs d'entre eux. 88 des 246 détenus passés par Marchin périront à Auschwitz. L'oubli s'installe progressivement, aidé par la disparition d'archives communales relatives à cet épisode de l'histoire et la vente des biens des réfugiés à Marneffe en 1962. Le hasard conduira pourtant Jean-Pierre Callens à découvrir dans les archives du centre de Marneffe des traces de cette histoire sous forme de correspondances. Et son enquête aboutira à la publication de son ouvrage « Les réfugiés juifs au camp de Marchin » en 2015.
A l'initiative de OYOU et de la Commune de Marchin, un collectif citoyen a décidé de mener un projet pour la réalisation d'une œuvre qui sera installée sur le site de l'ancien château du Fourneau, dans le parc de l'Athénée royal Prince Baudouin. L'œuvre constituera une trace commémorative sortant de l'oubli l'histoire de ces personnes juives détenues à Marchin et déportées à Auschwitz.
Ce projet d'art public est le fruit d'un travail mené avec les élèves de cinquième de l'Athénée, qui ont défini les critères auxquels l'œuvre devra répondre. Un jury constitué de représentants des élèves, du service pour l'égalité des chances, des services CPAS et PCS de la Commune de Marchin, des membres de l'équipe OYOU, d'élus communaux, du conseil consultatif des aînés de Marchin, du Cercle royal d'histoire et de folklore et de citoyens bénévoles, a commencé un travail de réflexion afin de proposer le projet à plusieurs artistes.
Ce projet ambitionne d'interpeller les habitants et les élèves, en portant une réflexion contemporaine sur ces événements tragiques, car cette histoire révèle combien la montée des extrêmes, le repli identitaire et la montée de la haine peuvent faire advenir le pire.
L'œuvre sera intégrée au Chemin de sculptures.
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