Où va le vent ?, sculpture-girouette, techniques mixtes (découpe manuelle et laser, soudure et assemblage, acier peint, cuivre, inox), 2018.
Œuvre installée sur le site du jardin collectif de Kachinas, Fond du Fourneau.
Emmanuel Bayon est chirurgien urbain, panseur d’espace, soigneur de rue, constructeur, discret restaurateur, inventeur salutaire... Il intervient partout où l’espace public présente des blessures, des manques, des cicatrices non refermées, des trous, des structures cassées. Il agit à la manière d’un secouriste de la Croix-Rouge et répare – au sens premier du terme – les bobos de la ville. Son côté interventionniste montre du doigt ce qui ne va pas dans notre quotidien, dans notre urbanisme, tout en proposant des « sculptures », structures utiles teintées de rouge, réelles œuvres d’art urbain.
La création de cette sculpture-girouette est une réponse à la question migratoire (la découpe en cuivre représente le territoire de la Côte d’Opale et la découpe en acier peint en rouge la frontière franco-italienne) : « Née au gré des vents, du Sud au Nord, longeant la frontière franco-italienne, elle se découpe comme la crête des montagnes. Elle se dresse dans un cheminement déséquilibré, tantôt frontière, tantôt trajectoire. Elle existe mentalement, son tracé est comme le vent, impalpable. Elle existe physiquement, comme le vent, piquant. Basée sur un déséquilibre qui tend à se stabiliser, elle nous indique les directions. Quelles directions ? Où seront les futurs pas ? Certainement aux quatre vents, soufflant parfois une brume d’Opale. »
François Thoreau précise : La frontière italo-française est un des points d’inflammation de la politique migratoire européenne. Les directives européennes prévoient de renvoyer les migrants en situation illégale dans le pays où ils ont
accosté en premier, principalement le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Nombreux sont ceux qui, ayant gagné le Vieux continent, cherchent à y poursuivre leur périple. Ceux arrivés en Italie entament parfois une périlleuse traversée des Alpes pour rejoindre la France. Là, ils arrivent dans la vallée de la Roja où de nombreux collectifs se sont constitués
pour les héberger et tenter de leur procurer un statut de réfugiés politiques ou des titres de séjour. Les migrants qui se font attraper par la préfecture de Nice sont renvoyés en Italie, où rien ne les empêche de tenter leur chance à
nouveau. C’est ainsi que la frontière dessinée par Manu Tention est le lieu d’un carrousel sans fin.
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