Si, vers 1777, comme le montre la carte de Ferraris, le village de Resteigne fait partie de la Principauté de Liège, il n’en va pas de même du Château et des domaines avoisinants. Ceux-ci sont considérés comme enclave luxembourgeoise dans les terres principautaires. La seigneurie de Resteigne avait été rachetée par les d’Hoffschmidt en 1668. Henri-Joachim, le grand-père d’Edmond, était né à Resteigne en 1719. Henri-Joachim vécut à Resteigne et c’est à lui que l’on doit la rénovation du château et sa longue façade classique. C’est au château de Resteigne que naquit aussi Adolphe, le père d’Edmond, en 1747.
C’est donc ici qu’Edmond s’installe après la mort de son père. L’ancien ermite, un rien misanthrope, restera certes un original mais il s’engage aussi dans la vie politique. Il deviendra bourgmestre de Resteigne en 1847 et le restera jusqu’à sa mort, en 1861. Ce très grand propriétaire terrien fut aussi le défenseur des petites gens. «Sa générosité lui gagna la sympathie et l’attachement des villageois, qui l’appelaient, en wallon, ‘li vî monseu’.» Il fut enterré civilement devant quelque 3000 personnes
Edmond eut une fille naturelle avec sa gouvernante Victoire Suray. il veilla à ce que Léocadie eut une très bonne éducation. On doit à cette dernière une abondante correspondance avec son fils installé à Namur («Lettres de Pondrôme 1891-1912»).
A ce sujet, vers la fin des années 1830, un nouveau curé s’installe à Resteigne. Celui-ci exerce une terrible pression sur la gouvernante d’Edmond (en la menaçant de lui refuser l’absolution...) pour que le couple «régularise» sa situation. Edmond et Victoire se marient alors religieusement dans la clandestinité. Il en résulte une plainte auprès de la justice et une enquête. A l’issue de laquelle, le curé est poursuivi devant le tribunal de Dinant. Edmond, de son côté, se défend en ces termes: «si je m’étais soumis à des formules matrimoniales pénibles et ridicules à mes yeux, ce serait uniquement pour arracher d’une alternative mortelle, où l’aurait placée la crédulité chrétienne et des prêtres, une femme dont je connais les sentiments honorables et le dévouement entier de toute sa vie pour moi, ce serait enfin comme on se jette au devant des assassins pour sauver une victime: alors on prend tous les moyens qui se présentent, quoi qu’il en coûte.»
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