Jules Ghislain Denis Camus est un enfant de notre cité, né le 9 octobre 1850, fils de Florence Guisline Charlotte Camus. Dans l'état actuel de nos connaissances, on ne peut que conjecturer mais, sans trop se forcer, on peut imaginer que Jules Camus eut un caractère bien trempé dès le plus jeune âge.
Il se maria à Liège le 9 septembre 1876 avec Florence Chantraine, une fille de meunier qu'il avait peut-être rencontrée lors de ses études de médecin, probablement à l'Université de Liège.
Le couple s'installa rapidement à Andenne compte tenu que Jules Camus devint médecin de divers établissements charitables dès 1876 (Gesves 1876-1879, Andenne 1878-1902, Seilles 1878-1895, Sclayn 1900), de la Cie des Chemins de Fer du Nord belge en 1879 et de la Gendarmerie en 1887, pour ne citer que les principaux.
Bref, un homme engagé dans son métier à un point tel que le Secrétaire communal, A. Pirsoul écrivait en février 1907 pour l'obtention de la croix civique de 1ère classe : « Jules Camus a donné des soins constants et on ne plus dévoués, au péril de sa vie, au cours des épidémies de variole, de typhus, de diphtérie et de choléra qui ont éclaté dans le canton d'Andenne de 1876 à 1906 ... c'est grâce au rare dévouement de ce praticien auprès de ses malades que presque tous ont pu échapper à la mort ... »
Rien d'étonnant qu'avec une telle expérience de vie, Jules Camus entre en politique comme en sacerdoce et qu'il est considéré comme une personnalité de premier plan, dominant la scène politique pendant un quart de siècle.
D'un caractère entier, ne supportant aucune contradiction, Jules Camus était un rude jouteur, ce qui lui valut de féroces inimitiés. Il devra donc assumer longtemps un rôle d'échevin tout en régnant en maître au Conseil et au Collège communal, dirigeant à son gré les affaires de la commune.
Le 15 octobre 1911 se déroulèrent les dernières élections avant la guerre.Ces élections furent à la mesure du personnage, se résumant en une lutte entre Camusards et Anticamusards. La liste de Jules Camus fut largement plébiscitée ce qui obligea « enfin » le Gouvernement à lui accorder le titre de Bourgmestre par arrêté du 10 juillet 1912.
Cette consécration fut de courte durée car c'était sans compter sur la violation de la neutralité de notre pays par l'armée allemande le 4 août 1914 et l'arrivée des premiers soldats allemands dans notre ville le 19 août 1914. Fidèle à lui-même, c'est toujours en donnant de sa personne sans compter qu'il perdit la vie le 20 août 1914. Il habitait rue Brun et venait d'être blessé à la jambe et c'est en se rendant chez le pharmacien Guilitte, aux Quatre Coins, pour se faire panser, qu'il fut tué par les allemands. Son corps fut inhumé au Cimetière des Fusillés avec bon nombre de ses compatriotes qui vécurent le même tragique destin.
Comme le disait si bien le Dr Melin en conclusion de son livre, « ... il a gravé dans l'histoire d'Andenne l'impérissable souvenir de la brillante intelligence, de l'inlassable activité et de l'indomptable énergie qu'il apporta dans l'administration des affaires communales et qui le firent contribuer si largement à l'embellissement de sa ville natale. Sa fin douloureuse symbolisera le martyre de la cité d'Andenne. »
Il est et restera, pour nous et les générations futures, un exemple !
V.T.T.
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